Hommage à Miss.Tic
Ce 22 mai 2022, c’est avec une énorme tristesse que l’on apprend le décès de Miss.Tic, artiste pochoiriste reconnue. Elle laisse derrière elle, un imaginaire parisien grandiose. Difficile de présenter Miss.Tic tant l’artiste est célèbre auprès de tous les publics. Disruptive et audacieuse, c’était souvent la cigarette à la bouche qu’elle montrait aux journalistes sa page de dessin immense : Paris.
Miss.Tic, un pseudonyme remarquable
Miss.Tic revendiquait son identité féminine dans un secteur principalement masculin. Elle aimait tapisser les rues de ses pin-up glamours accompagnées de mots bruts et tranchants. Son prénom, témoignant de son genre avec le Miss (Mademoiselle) et Tic, qui reprend une forme de malice, forment l’homophone de mystique, indiquant les valeurs spirituelles de l’artiste. Aussi, son pseudonyme est un clin-d’œil à Miss Tick, personnage espiègle du journal de Mickey. Miss.Tic signait toujours son œuvre à l’aide de pochoirs reprenant sa typographie remarquable, comme écrite avec une griffe.
Paris, son terrain de jeu
Miss.Tic avait conscience des espaces qui lui étaient implicitement hostiles en tant que femme, et pourtant, elle agissait toujours dans la pénombre, pour éviter de croiser les forces de l’ordre. Loin d’être anodins, ces pochoirs étaient des vrais gestes militants : elle reprenait alors l’espace qui lui avait été confisqué. Dans les années 80, après avoir arpenté différents milieux artistiques comme la danse et le théâtre, elle rencontre des groupes d’étudiants des beaux-arts qui peignent sur les murs : c’est le déclic. C’est à partir de ce moment-là qu’elle décide d’écrire sur les murs. Attachée à la poésie du monde, elle aimait investir l’espace public pour y marquer des poèmes courts et accessibles, elle l’explique ainsi : « Ce que j’aime aussi, c’est quand la poésie investit notre quotidien et que notre quotidien soit investi de poésie. Et je crois que la poésie ne s’arrête pas simplement aux poèmes. La poésie, c’est tout ce que l’on ressent, c’est toutes les rémanences, c’est tous les souvenirs. La poésie, c’est la vie aussi, c’est pas juste de la littérature. » Elle avoua avec regret être surprise que d’autres n’aient pas autant investi la rue avec la poésie.
À jamais dans Paris
Artiste urbaine populaire, Miss.Tic restera à jamais dans nos mémoires et dans nos paysages urbains qu’elle aimait tant arpenter. Grâce à son œuvre, Miss.Tic a rendu la poésie et l’art accessibles à tous et à toutes. Pour la maison VANGART, c’est un monument de l’art urbain qui s’est éteint, avec qui nous aurions adoré collaborer. Cette pionnière d’un art urbain et littéraire engagé nous manque déjà. Repose en paix, Miss.Tic.